memoires - Archive ouverte en Histoire etPhilosophie des Sciences et des Techniques Accéder directement au contenu

 







DUMAS & TEL
sont deux plateformes d'archivage en ligne déclinées à partir du portail HAL du CCSD (Centre pour la Communication Scientifique Directe - UMS3668).

 

Différent de l'auto-archivage réalisé par les auteurs, un dépôt sur ces plateformes fait l'objet d'une validation par une commission en relation avec l'établissement de soutenance et est pris en charge par une instance mandatée (Service Commun de la Documentation ; Direction de l'Appui à la Recherche ; Bibliothèque ; ...). 

Si un mémoire déposé dans DUMAS, une thèse ou une HDR (Habilitation à Diriger des Recherches) déposée dans TEL n'apparaît pas dans cette archive, n'hésitez pas à nous le signaler, nous apposerons le "tampon HIPHISCITECH" pour que le document intègre cette collection : contact@hiphiscitech.org

 
DUMAS
Plateforme de "Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance"
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Derniers mémoires recensés

Le mémoire considère un groupe de travail oeuvrant collectivement à la fabrication d'une pirogue : au-delà de l'activité technique et de la chaîne opératoire, il présente l'organisation du groupe (par encastrement du psychologique dans le social et le physique) ainsi qu'une vision d'ensemble des modes de production scientifiques. Le terrain a été réalisé en Guyane française, dans l'ethnie Djuka.

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Après avoir été effrayé à l’idée de voyager par plaisir en raison de la connotation guerrière de cette dernière mais également d’une peur des reliefs naturels, une nouvelle perception renverse à la fin du XVIe siècle cette pensée. La conception utilitaire du voyage prend l'ascendant au cours du siècle suivant, avec la possibilité d'apprendre et de se forger une culture personnelle jugée essentielle aux nobles de cette époque. Cette conception évolue à nouveau grâce à l'influence des Lumières et de nombreuses découvertes scientifiques ou philosophiques du XVIIIe siècle. La pratique voyageuse est maintenant comprise comme un moyen de connaître la terre, de partager les savoirs pour une plus grande égalité. Dans ce contexte, les scientifiques sont devenues des acteurs centraux, notamment en se rendant directement sur les lieux à expertiser. Ainsi, en plus d'une large publication d'imprimés de relation de voyage fait par des nobles en mission diplomatique ou dans la réalisation de leurs Grands Tours, se développent en parallèle des mémoires scientifiques tirés de leurs voyages. Dans la même période, un nouvel acteur dans le chaînon de l'imprimerie vient bouleverser l'ordre établi au siècle précédent, les périodiques. C'est avec ce nouveau support que les savants-voyageurs ont diffusé non seulement des extraits de leurs mémoires mais également des lettres, des synthèses et des questionnements portants sur les avancées scientifiques. Dans ce microcosme où vivent savants et acteurs de l'impression, de nombreux d’échanges et interactions s’étiolent, tels que des demandes d'instructions spécifiques ou d'aide particulière pour récupérer divers échantillons provenant d'une région lointaine. Cet ensemble se représente également à travers le carnet, un outil essentiel à la sauvegarde des pensées du voyageur qui le suit en toutes circonstances au cours de ses trajets. C'est avec cette source que ce mémoire se propose de retracer la méthodologie d'un savant-voyageur au tournant du XVIIIe siècle en la personne du chevalier Déodat de Dolomieu. Au travers de ses carnets se dévoile les traces de sa pensée savante et des évolutions de cette dernière au cours de ses pérégrinations, permettant la reconstruction d'une méthodologie propre à ce dernier. De même, elle permet la sauvegarde des humeurs de son propriétaire au cours de ses trajets mettant en lumière sa perception de la pratique voyageuse. Enfin, ce même objet se révèle être l'outil le plus essentiel à la propre compréhension de sa conception aux yeux de son propriétaire, ainsi que de pouvoir distinguer si cela est réellement nécessaire les propriétés entre une relation de voyages pour son plaisir et celui d'une relation savante faite pour autrui.

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Notre projet de mémoire, ci-dessous développé, est le suivant : comment étudier la notion d'émergence dans le cadre de la métaphysique anglo-saxonne contemporaine ? Pour répondre à cette question, notre réflexion partira du système ontologique particulier, à savoir le "carré ontologique", d'inspiration aristotélicienne et repris par un auteur contemporain, E.J. Lowe. Dans ce système, les catégories ontologique d'"objet", de "phénomène", de "propriété" et de "condition" sont analysées comme étant fondamentales, irréductibles et suffisantes pour décrire tout le contenu de la réalité. Nous nous sommes limités cette année à la présentation de ce système, espérant par la suite pouvoir le développer dans le sens d'un physicalisme non réductif. Notre thèse finale sera alors la suivante : il est possible que de nouvelles conditions émergent.

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Nous proposons à travers ce travail de regarder la pensée philosophique comme étant essentiellement liée au phénomène d'ἀνάμνησις, c'est-à-dire au ressouvenir ou à l'anamnèse. Nous cherchons à repenser le propre du philosopher. Dans cette optique, philosopher signifie "se ressouvenir". Pourtant, l'anamnèse n'a pas affaire à la mémoire et aux souvenirs. Elle est expérience, à travers laquelle adviennent une vérité et un savoir. Notre point de départ se trouve dans une évidence de la pensée philosophique : la pensée a une histoire et s'enracine dans une tradition. Tout ce qu'on met devant la pensée, tout ce que la pensée prend comme tâche a un lien avec ce qui a été pensé auparavant ou fait référence à ce qui a été, qu'on l'admette ou non. Nous identifions, cachée sous la forme de cette évidence, une tendance de la pensée philosophique qui n'a pas été mise en question ou explicitée. Ainsi, philosopher c'est dans un certain sens se retourner vers le passé afin de le reprendre sous un jour nouveau. Ce point de départ trouve sa confirmation philosophique à travers une analyse "historique" : l'anamnèse chez Platon et Gadamer. C'est à travers cette façon de mettre à l'œuvre ce que l'évidence nous a dévoilé qu'on découvre que l'anamnèse décrit la recherche et la découverte de type philosophique. Pour Platon, l'άνάμνησις représente moins une actualisation d'un savoir tout fait, inné et latent, qu'une manière de reprendre quelque chose de "su" sous un jour nouveau. C'est donc ce mouvement "rétrospectif" qui rend possible le savoir et la vérité pour la pensée philosophique. Selon Gadamer, l'άνάμνησις platonicienne s'apparente à une re-connaissance. Ces deux analyses dévoilent une certaine "structure" que possède l'anamnèse, un certain mode d'être : elle se définit par le "re-". Il s'agit d'un re-vivre, re-connaître, re-conquérir, re-voir "à distance" la réalité. Ceci renvoie à l'idée de "voir" les choses "dans une autre lumière", ou faire une nouvelle expérience des choses qui apporterait un surcroit de connaissance. Le "re-" de l'anamnèse désigne le fait de re-faire une "expérience". L'anamnèse représente une expérience du philosopher. Philosopher et parvenir à un savoir signifie, dans ce sens, faire l'expérience de l'expérience.

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Le débat sur la nature de la relation entre écologie et écologisme repose principalement sur des présupposés épistémologiques quant au statut de l'écologie et quant à la façon dont elle doit prendre en compte les activités humaines. L'écologie peut être considérée comme une partie de la biologie, comme une science naturelle interdisciplinaire, ou comme une science interdisciplinaire qui fait le pont entre sciences de la nature et sciences de l'homme. La prise en compte de la spécificité culturelle de l'homme dans son rapport aux écosystèmes et à la biosphère dépend donc du statut que l'on donne à l'écologie.

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Cette étude tente de répondre à la question "qu'est-ce que le jazz ?" en partant des spécificités musicologiques propres à cette musique pour rejoindre la pensée sociale et culturelle du jazz. Plus qu'un simple travail de définition, il s'agit d'analyser le jazz pour en extraire ses valeurs, d'interpréter les phénomènes musicaux jazzistiques en les plaçant toujours déjà dans un contexte historique et social déterminé. Penser le jazz, c'est établir son unité esthétique. Pourtant, on n'épuise pas le phénomène jazzistique à parler de swing et de sonorité : penser le jazz c'est aussi comprendre les origines musicales d'une telle musique et donc utiliser une méthode généalogique permettant de comprendre pourquoi, un jour, des hommes ont joué de la musique de telle manière. Le discours musicologique s'ouvre à la philosophie sociale et aux sciences historiques. Penser le jazz, c'est alors comprendre qu'il est une musique populaire, issu de la rencontre brutale des musique occidentale et africaine dans le contexte de la ségrégation raciale. Si certains discours sur la musique font de l'abstraction leur crédo, un discours sur le jazz semble devoir nécessairement prendre en compte les contextes socio-historiques dans lesquelles on joue du jazz. Le jazz se joue, se danse, s'incarne dans des gestes, des attitudes et des corps, et ce faisant, véhicule une pensée musicale que l'on ne peut pas comprendre si l'on s'en tient à une analyse musicologique. Penser le jazz comme pensée, ériger le jazz en porte d'entrée privilégiée d'une culture américaine naissante, comprendre l'encrage de la musique de jazz dans la Weltanschauung américaine sont les enjeux de cette étude qui donne en outre des pistes tant méthodologiques que généalogiques pour entreprendre une analyse des musiques populaires postérieures au jazz.

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S'interroger sur le clonage, c'est s'interroger sur ce qu'il produit, à savoir le clone, le double, dont il s'agira pour nous d'appréhender le sens et de voir en quoi cet être recréé, reproduit par clonage présente une figure complexe, en quoi il représente un être particulier, au statut quelque peu singulier. Il importe donc de définir ce que signifie, ontologiquement et symboliquement, l'action même de cloner et de définir ainsi ce que signifie l'existence d'un clone. En effet, la question du clonage ne peut être séparée de la question même du clone puisque sans clone, il n'y aurait pas lieu de parler de clonage. Par ailleurs, il nous faut définir ce qu'est scientifiquement le clonage. Nous montrerons alors que les définitions mènent parfois à des quiproquos et des illusions qui n'ont pas lieu d'être une fois le terme clairement défini.

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Les derniers écrits (1946-51) de Wittgenstein s'occupent principalement de philosophie de la psychologie et s'attaquent à certaines théories classiques de l'esprit, que les commentateurs qualifient de mythologies. Notre travail consiste à évaluer la possibilité de la présence de ces mythologies de l'esprit à l'intérieur des théories construites par les sciences psychologiques ainsi que les implications sur la psychologie que cette présence est susceptible d'avoir. En nous appuyant sur certains des points centraux de la critique wittgensteinienne (l'usage ordinaire, la distinction conceptuel / empirique, etc.), nous montrons qu'il est envisageable de dégager des thèses, d'inspiration wittgensteinienne, délimitant les prétentions de la psychologie. L'œuvre de Wittgenstein fournirait donc un outil, dans une mesure que nous nous efforçons d'apprécier, pour une mise en débat de la scientificité de la psychologie, en particulier des neurosciences cognitives.

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Ce mémoire s'intéresse aux collaborations possibles entre Intelligence Artificielle et philosophie. Il montre que les deux disciplines peuvent partager des objets, des théories et des résultats pour apprendre l'une de l'autre. La stratégie de ce mémoire consiste à expliciter des relations épistémologiques entre les problématiques propres aux deux disciplines ("IA faible" et "IA forte"), afin de définir des modes de collaboration sur le plan disciplinaire. La deuxième partie de ce mémoire présente les travaux de philosophes et de spécialistes de l'IA, depuis les débuts de l'Intelligence Artificielle jusqu'aux années 80. Elle expose les démarches collaboratives exploitées par ces chercheurs, de manière implicite ou explicite. La troisième partie présente des travaux où la philosophie sert de socle conceptuel à l'Intelligence Artificielle, notamment en ce qui concerne la simulation de phénomènes émergents. La quatrième partie réalise un renversement des relations classiques entre les deux disciplines. C'est au tour de l'Intelligence Artificielle de se mettre au service de la philosophie, en formulant de nouvelles hypothèses de recherche ou en testant les théories philosophiques à partir de cas concrets. Ce mémoire, enfin, espère œuvrer pour le rapprochement des deux disciplines et ainsi encourager philosophes et spécialistes de l'IA à collaborer sur les sujets qui leurs sont chers.

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TEL
Serveur de "Thèses en Ligne"
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Dernières thèses ou HDR recensées

Ce travail consiste en une édition, une traduction française et un commentaire du traité pseudo-aristotélicien Περὶ ἀτόμων γραμμῶν. L'édition est faite à partir de la recension effectuée par D. Harlfinger en 1971 de tous les manuscrits connus contenant ce traité. Dans l'édition, le plus souvent, la lecture des manuscrits a été préférée aux éventuelles corrections des éditeurs et commentateurs. La traduction se veut la plus proche possible du texte grec nonobstant son caractère très elliptique et, parfois, syntaxiquement fautif. Le commentaire s'attache en premier lieu à contextualiser ce texte (hypothèses de datation à défaut de pouvoir l'attribuer indiscutablement à tel ou tel auteur) et à déterminer les liens qu'il y a entre lui et, d'une part, les autres textes du corpus aristotélicien et, d'autre part, les traités philosophiques qu'il réfute. En outre, le commentaire permet de justifier les choix éditoriaux et de traduction en comparant la leçon retenue aux variantes existantes et aux corrections apportées par les éditeurs et commentateurs successifs du traité. L'objectif du Περὶ ἀτόμων γραμμῶν est de démontrer l'impossible existence de lignes indivisibles. Il prend place dans une réfutation générale de l'atomisme dans l'école aristotélicienne. Aristote avait réfuté l'existence des atomes dans le domaine physique, y opposant une théorie continuiste, l'auteur de ce traité reprend ce problème en l'appliquant aux objets géométriques. Il démontre l'impossibilité qu'une ligne soit indivisible ou composée d'indivisibles, puis, après avoir défini le point, l’impossibilité qu'une ligne en soit composée. Enfin, l'auteur établit une distinction entre limite et articulation.

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En partant d’une redescription des relations de l’agriculture à la précarité, entendue comme un sentiment complexe à la croisée des expériences de l’instabilité ontologique, de l’incertitude épistémique et de l’insécurité sociale, l’objet de cette recherche est d’abord de saisir le rôle d’une certaine rationalité modernisatrice dans le processus de transformation de l’agriculture française au tournant des années 1960-1970 : ce que nous nommons le vitalisme entrepreneurial. Cette formule désigne une réforme de la légitimation de la société de marché qui repose non plus sur sa naturalisation, comme dans le libéralisme classique analysé par Polanyi, mais sur une vitalisation évolutionniste des logiques de marché et de concurrence. Une bascule depuis l’ordre de la nature vers le désordre de la vie, où l’intensité vitale se confond avec le risque économique, et qui trouve l’un de ses fondements philosophiques en France dans l’évolutionnisme moraliste et modernisateur de Bergson. En agriculture, ce vitalisme constitue un levier puissant pour déplacer la précarité légitime depuis les relations aux vivants vers les relations commerciales, défaisant le paysan pour instituer l’agri-entrepreneur. En examinant le rôle discret, mais structurant, de ce vitalisme entrepreneurial, influencé par la pensée néolibérale, dans les politiques agricoles françaises et leurs légitimations théoriques et politiques, nous cherchons à montrer l’importance croissante de la double figure de l’ingénieur (agronome) et de l’entrepreneur (agricole) dans ce processus. Le premier comme agent du surcontrôle agrotechnique des dynamiques du vivant, le second comme nouvelle norme du travail agricole, pris dans un rapport constant aux instabilités des processus marchands. Nous essayons ainsi de caractériser la modernisation agricole comme un renversement de la précarité légitime, depuis la relation labile et variable aux vivants qui caractérise les pratiques paysannes, vers la relation aux marchés qui structure et détermine l’agro-industrie modernisée. Ce travail historique nous permet de mieux comprendre ensuite, à partir d’enquêtes de terrain, la manière dont des pratiques agroécologiques contemporaines radicales cherchent à refaire de la place aux instabilités des vivants, en imaginant des pratiques, des techniques et des relations non dualistes. Pour autant, en mettant davantage l’accent sur des dispositifs techniques sans dessiner une logique proprement politique permettant leur généralisation, nous soutenons que ces pratiques agroécologiques, tout en demeurant structurellement marginales, ne parviennent pas à se libérer réellement du régime de précarité issu de la modernisation et du cadre entrepreneurial dominant, qui continuent de leur imposer la logique du marché comme réalité supérieure. Le dernier enjeu de ce travail est donc d’esquisser les conditions sociales et politiques d’une bascule de la précarité légitime depuis les aléas du marché vers les instabilités du vivant, permettant la constitution d’un front agroécologique pensé et vécu comme un véritable mouvement social. Dans cette perspective, nous nous efforçons d’ébaucher en conclusion une réflexion philosophique opposant deux logiques institutionnelles, l’arche et la forteresse, afin de penser plus précisément l’articulation d’une condition terrestre et d’un devenir politique à la fois destituant et instituant. Ainsi, il s’agit notamment d’envisager la multiplication concrète des dispositifs d’érosion, au sens d’Erik Olin Wright, du capitalisme agricole modernisateur, en nous inspirant plus particulièrement des logiques autogestionnaires de mise en sécurité sociale, visant à la fois la conquête d’une souveraineté politique sur l’attribution de la valeur, la délibération démocratique sur les stases légitimes, ainsi que la réappropriation collective des moyens d’expérimentation, pour inventer des pratiques agricoles relationnelles, émancipatrices et durables avec les autres qu’humains.

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A la croisée de l'histoire de l'archéologie, de l'anthropologie des savoirs et de l'histoire du livre, cette thèse vise à comprendre la mise en livres, en images et en savoirs de la mythologie gréco- romaine, en France et en Allemagne, entre le XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe siècle. Alors que le rythme d'institutionnalisation de l'archéologie diffère fortement dans les deux pays, cette période se caractérise également par une transformation des modalités d'analyse des objets issus de l'Antiquité. On passe d'un régime d'image antiquaire à un traitement scientifique des vestiges antiques et notamment mythologiques. Ces représentations mythologiques font alors l'objet d'interprétations de plus en plus spécifiques dans le champ de l'archéologie naissante. Cette thèse vise à montrer comment la mythologie, via ses reproductions, devient objet de savoir de cette discipline émergente. La matérialité de ce processus, l'interprétation de ces images, la construction de traditions bibliographiques ainsi que les lieux et moyens d'usage de ces représentations sont des angles d'approche qui traversent cette recherche. Elle vise à éclairer, sous l'angle des images, la fabrication de la science archéologique au XIXe siècle, permettant un utile retour réflexif et épistémologique sur ces pratiques savantes.

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Pour résoudre un problème de mathématiques ou comprendre une démonstration, une figure bien choisie est parfois d'un grand secours. Ce fait souvent remarqué peut être vu comme un cas particulier d'un phénomène plus général. Utiliser une figure plutôt que des phrases, reformuler un problème sous la forme d'une équation, employer telles notations plutôt que telles autres : dans tous ces cas, en un sens, on ne fait que représenter sous une nouvelle forme ce qu'on sait déjà, et pourtant, cela peut permettre d'avancer. Comment est-ce possible ? Pour répondre à cette question, la première partie de cette thèse étudie ce qu'apporte un changement notationnel précis introduit par Leibniz à la fin du XVIIe siècle. La suite de ce travail analyse, et confronte à l'exemple précédent, plusieurs manières de penser les différences représentationnelles proposées dans la littérature philosophique récente. Herbert Simon, étudié dans la deuxième partie, s'appuie sur le modèle informatique des structures de données : deux représentations peuvent être « informationnellement » équivalentes, mais « computationnellement » différentes. Les logiciens Barwise et Etchemendy, étudiés dans la troisième partie, cherchent à élargir les concepts de la logique mathématique (en particulier ceux de syntaxe et de sémantique) aux diagrammes et figures. Enfin, certains philosophes des mathématiques contemporains, comme Kenneth Manders, remettent en cause la notion même de représentation, en soutenant qu'elle n'est pas éclairante pour comprendre l'usage de figures, formules ou autres supports externes en mathématiques. C'est à ces critiques qu'est consacrée la quatrième et dernière partie.

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Dans les années 1780, une nouvelle politique française d’encadrement de la naissance choisit la sage-femme comme intermédiaire privilégié entre les attentes médico-administratives et la population. Officialisé par la loi du 19 ventôse an XI sur l’exercice de la médecine, le métier de sage-femme n’a plus dès lors qu’un point d’entrée possible et admis : la formation obstétricale. La thèse étudie le consentement des sages-femmes à leur mise en formation, sa chronologie et ses modalités. Elle aborde la question de la part dans l’évolution de la profession et son renforcement au fil du siècle des dynamiques externes (État, administration, corps médical) et internes (sages-femmes elles-mêmes). Ou comment les auxiliaires sans instruction de la naissance à la fin du XVIIIe siècle se muent en une profession médicale unifiée au début du XXe siècle. Au-delà, ce travail montre comment l’organisation administrative de la formation, les politiques de recrutement et la forme des cours participent à la construction d’un nouvel agent sanitaire : la sage-femme qui se retrouve à assumer tour à tour les fonctions d’accoucheuse, de vaccinatrice, de médecin des pauvres ou encore de puéricultrice. En un siècle, les deux-tiers des départements français ont fondé un cours ou une école d’accouchement. En un siècle, ce sont près de 45 000 sages-femmes qui ont été formées et diplômées. Cette étude est celle de la construction d’une identité et d’une conscience professionnelle permise par la formation obstétricale.

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The earliest Arabic sources, including the Qur’an and early Arabic poetry, do not encompass the entire animal kingdom under a single term. However, three centuries later, zoographers such as al-Ǧāḥiẓ (d. 255/868-869) did use a term, ḥayawān, to designate “animals.” This indicates a conceptual development between the formative period of Islam and the later Abbasid period. This PhD dissertation aims to reconstruct the emergence of Arabic zoography within the first four centuries of Islam, with specific attention to the definition of the concept of “animal” and the classification of animals. To bridge the gap with the formative period, the study will position Arabic zoography within a broader Islamicate context. Given that Arabic zoography intersects with various traditions, diverse sources will be examined, including religious, philological, legal, medical, and philosophical texts. The impact of the Greek-to-Arabic translation movement, particularly the Arabic translations of Aristotle’s zoological writings and Galen’s Usefulness of the Parts, will be explored. The central argument of the thesis is that the concept of ḥayawān, understood as a genus as defined in Aristotelian logic, emerged as a product of the Greek-Arabic translation movement. Simultaneously, however, textual traditions not directly involved in the translation movement also used it as a concept. This reconstruction provides further insights into the dynamics involved in the formation of animal classes, which are often fashioned around prototypical examples.

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Cette thèse vise à comprendre les arrangements pratiques auxquels ont recours les familles lorsqu'elles sont confrontées aux difficultés d'ordre mental d'un enfant ou adolescent. Mon enquête ethnographique sur 42 familles de la région parisienne, complétée par des données statistiques locales et nationales, met l'accent sur les théories diagnostiques que les proches de l'enfant sont amenés à formuler pour expliquer, décrire et prévoir son comportement. Si ces théories sont largement influencées par les discours professionnels recueillis, elles sont au croisement d'enjeux multiples : rapports de force avec les professionnels de la santé, avec les professionnels du champ de prise en charge de l'enfance handicapée, enfin avec les membres de l'entourage de l'enfant. Démêler la relation entre ces enjeux et les théories diagnostiques permet de mieux comprendre les décisions prises par l'entourage de ces adolescents et la manière dont elles varient d'une configuration à l'autre.

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Cette thèse s'intéresse à la question des sanctuaires ruraux et au paysage religieux d’une partie de l'Étrurie méridionale, autour du lac de Bolsena (Latium), depuis le IVe s. av. n. è., qui marque le début des confrontations militaires entre Rome et l’Étrurie, jusqu’au Ier s. de n. è., lorsque la culture et la langue étrusques disparaissent progressivement, en particulier après les réorganisations administratives de l’époque impériale. L’objectif est tout à la fois d’étudier l’évolution des cultes étrusques, induite par l’infusion longue de la culture romaine dans la région, en montrant que ces derniers se poursuivent bien au-delà de la conquête, et de développer une réflexion critique sur les concepts mobilisés par la recherche contemporaine sur la question des sanctuaires, en l’articulant avec des problématiques liées au territoire, en particulier la catégorie ambiguë des sanctuaires de frontière en étruscologie. Pour cela, ce travail se fonde tout à la fois sur l’étude des données historiographiques et sur l’exploitation d’un mobilier archéologique inédit, mis au jour dans le sanctuaire de Piana del Lago (Montefiascone), dont l’auteur a co-dirigé la fouille entre 2020 et 2022.

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This work takes place in the context of a theoretical approach in biology which uses the examples of objectivation in physical theories without reducing biological phenomenalities to them. We begin by investigating the empirical biological scaling relationships found in the literature (allometric relationships, fractals, ...), including their variability. We will then consider two different aspects of biological time. First, we will develop the notions of protension and retention as an account of local organization of biological time. Then we consider a supplementary temporal dimension to accommodate proper biological rhythms. Since the notion of symmetry plays a foundational role in physics, we investigate its possible role in biology. In relation with the notion of extended critical transitions, we propose the hypothesis that organisms and evolution can be understood as characterized by ubiquitous symmetry changes. This transforms the status of biological objects, provides an approach of their historicity and leads to propositions on the theoretical nature of biological measurement. We also discuss anti-entropy as a measurement of a potential of variability. We focus then on the notion of level of organization. We start from the notion of organizational closure, which is considered as a core biological invariant by many theoretical biologists. Then, we will approach levels of organization by the paradigm of criticality, which will allow to define them in a strong theoretical way. Finally, we sketch an operatorial scheme of the coherence of organisms, which combines most of the above mentioned approaches.

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Si la pensée des lumières a parfois été célébrée par l’historiographie pour sa contribution significative au développement culturel et scientifique de la modernité, elle a le plus souvent été critiquée pour sa superficialité spéculative, ainsi que pour sa confiance aveugle dans les résultats des enquêtes scientifiques. La figure de Pierre-Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759), à laquelle notre travail est consacré, rentre de plein droit dans ce cadre interprétatif : mentionné dans quelques récits historiques comme scientifique de premier plan, notamment pour sa contribution décisive à la diffusion des théories newtoniennes en France, il est relégué au second plan dans les travaux d’histoire de la philosophie et de l’épistémologie. L’un des objectifs principaux de notre travail est précisément de proposer une relecture de l’œuvre de Maupertuis qui emphatise l’intérêt spéculatif de ses doctrines, afin de montrer la place éminente qu’il occupe dans l’histoire de la pensée moderne. Nous nous pencherons ainsi sur quelques textes importants de Maupertuis, en soulignant le rôle capital qu’y jouent les questions épistémologiques et métaphysiques. L’analyse critique de la pensée scientifique et philosophique de Maupertuis n’est pourtant pas le seul aspect significatif de notre recherche : notre ambition est de proposer un récit plus vaste que la simple étude des travaux de Maupertuis, qui puisse contextualiser son œuvre dans les dynamiques de la République des Lettres au début du XVIIIe siècle. En ce sens, nous attribuons une importance toute particulière à l’étude des controverses de Maupertuis avec d’autres savants et philosophes. Il sera notamment question de deux controverses. La première, qui concerne la forme de la Terre, éclate au sein de l’Académie des Sciences de Paris entre 1733 et 1740. La deuxième, qui porte sur les monades et la philosophie wolffienne, a pour cadre l’Académie de Berlin entre 1746 et 1750. L’intérêt du travail sur les controverses de Maupertuis est double. Tout d’abord, il s’agit d’un aspect de la vie et de l’œuvre du savant que les commentateurs ont peu étudié : certes, il existe quelques études particulières sur les controverses maupertuisiennes, notamment de celle qui porte sur la figure de la Terre, mais la question n’est jamais thématisée de manière systématique dans les monographies publiées jusqu’ici. Ensuite, les controverses de Maupertuis nous paraissent intéressantes comme étude de cas pour comprendre le fonctionnement concret des controverses scientifiques et philosophiques. Nous ne prétendons évidemment pas présenter les conclusions que nous allons tirer de l’examen de ces controverses en tant que normes universelles pour l’étude de toute controverse scientifique ou philosophique du passé. Toutefois, comme les historiens travaillant sur les controverses privilégient souvent les scientifiques et les philosophes du XVIIe siècle, il nous semble intéressant de présenter une étude de cas provenant du XVIIIe siècle, qui appartient à un contexte intellectuel et social profondément différent de celui du siècle précédent. Nous pourrons ainsi apporter de nouveaux éléments de réflexion sur la nature du désaccord scientifique et philosophique, qui puissent intégrer et compléter les travaux existants. Ce que nous présentons ici, en définitive, n’est pas seulement une étude sur Maupertuis, mais un travail qui, à travers l’analyse de sa pensée et des controverses qu'elle a suscitées, vise à la reconstruction des rapports et des échanges qui constituent le réseau de la République des Lettres au début du XVIIIe siècle. L’œuvre de Maupertuis est ainsi envisagée comme un prisme, à travers lequel nous observons les lignes principales de développement de la science et de la philosophie de son époque.

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