La « Marche de la honte », ou le rejet du procès en indécence par l’exhibition d’un corps féminin irréfutable
Résumé
Il a souvent été reproché à la chaîne câblée américaine HBO de recourir, à travers Game of Thrones, à l’exhibition et à la sexualisation « gratuites » du corps féminin à des fins purement attractionnelles. Lors de cette communication, je tâcherai de répondre à ces accusations en me concentrant sur une scène charnière de la série : la « Marche de la honte », qui conclue sa cinquième saison. Convoquant des déchirements historiques et/ou cinématographiques ancrés dans les mémoires (la tonte et l’exhibition des femmes françaises accusées de collaboration à la Libération, le supplice de Jeanne d’Arc chez Dreyer), cette mise au supplice de la reine déchue Cersei Lannister assoit la démarche artistique de HBO qui consiste à questionner sans cesse son ontologie télévisuelle ainsi que sa propension critique à « dénuder » (sans forcément érotiser ou sexualiser) les images du passé : celle de l’avant « pornographisation » de la société contemporaine. En fendant la foule qui l’invective et lui crache dessus, Cersei affiche clairement l’intention de la chaîne HBO de ne pas reculer devant le rigorisme et le dogmatisme des censeurs qui voudraient la réduire au silence.