Un rêve devenu (triste) réalité
Résumé
« Dis-moi que tu m’aimes. » D’emblée, Tell Me You Love Me (HBO, 2007) entend dépasser la notion de pur plaisir sexuel pour interroger la relation sexuelle entre deux êtres unis dans la plus profonde des intimités. La série va même plus loin en interrogeant l’état de « santé » des quatre couples qu’elle met en scène à travers leur rapport au sexe – selon que celui-ci s’avère frénétique, programmatique, anachronique ou routinier. Au cours de cette communication, je me pencherai sur les deux couples de la série dont la vie (sexuelle) s’articule le plus foncièrement autour de la parentalité : Carolyn et Palek, trentenaires mariés et aisés ne parvenant pas à concevoir leur premier enfant, et Katie et David, quarantenaires dont la vie de famille plutôt paisible (ils ont deux enfants préadolescents sans histoires) cache de plus en plus difficilement une impossibilité devenue chronique à faire l’amour. Devenir parent, l’être « pour toujours » : par-delà la figure imposée du coitus interruptus qui sert le plus souvent d’intermède comique ponctuel aux séries télévisées américaines, Tell Me You Love Me pose sur une temporalité quotidienne la question troublante d’une « mécanique du sexe » dont les effets psychologiques peuvent s’avérer dévastateurs – signe que le sexe sert bel et bien de fonction et non d’attraction à la série. C’est ce que je tenterai de démontrer en analysant quelques scènes clés confrontant nos deux couples aux attentes parfois insupportables liées à la relation sexuelle.