Cinéma et séries télévisées : un souci commun d'analyse esthétique
Résumé
Entre le cinéma et les séries télévisées, la relation est souvent d’ordre conflictuel. Tant du côté des universitaires que de celui des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel (distinction qui prête elle-même à discussion, surtout quand on y ajoute une séparation entre archives et « nouvelles images »), la rhétorique prédominante est celle du « chacun chez soi », du « premier arrivé » ou du « (plus) grand écran », ce qui permet à ses défenseurs de placer le cinéma sur un piédestal et de regarder les séries télévisées de haut. La formule de Jean-Luc Godard est passée à la postérité : « Quand on va au cinéma, on lève la tête. Quand on regarde la télévision, on la baisse ».
L’objectif de cette communication est d’étudier l’influence réciproque entre séries et esthétique cinématographique. Et si, pour citer le titre d’un ouvrage de Jean-Pierre Esquenazi, les séries télévisées constituaient « l’avenir du cinéma » – non pas en tant que remplaçantes, mais en tant que filleules d’un art désormais plus que centenaire ? Et si la survivance du cinéma passait par des séries que l’on ne craindrait plus de « [trop prendre] au sérieux », non selon un processus de substitution mais de régénération, d’extension, d’inspiration mutuelle ? Est-il bien nécessaire d’entretenir des logiques d’opposition (tant dans l’air du temps) quand de plus en plus de cinéastes s’essaient à la forme longue et sérielle, à titre expérimental, sans pour autant renier ce que Julien Achemchame qualifie de « subjectivité créatrice d’essence cinématographique » ?