"M(o)uettes", préface au livre de poésie de Marie Étienne, "L'Ombre portée" (Apic éditions, 2022) - Université Paul Valéry Montpellier 3 Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2022

"M(o)uettes", préface au livre de poésie de Marie Étienne, "L'Ombre portée" (Apic éditions, 2022)

Résumé

Que faire, pour la femme abandonnée, de « l’ombre portée de tout amour » ? L’écrire, nous dit Marie Étienne. Devenir créatrice, et par là même se faire un nom – le sien. Transformer l’ombre qui nie en ombre qui accomplit, afin que la coulisse débouche sur la scène de l’écriture. Et ce faisant, par le geste d’écrire, sortir de la douleur : la main de la fille de Butadès proprement contourne la séparation, qu’elle apprivoise en l’informant. Lika, dans "L’Ombre portée", et avant elle Bérénice, dans "Lettres d’Idumée" , font de même : « Si tu pouvais ne pas / si tu pouvais souffrir / pas trop me faire. » C’est sur cette confidence ambiguë que s’ouvre le « journal » de Lika-Lydia Mizinova, modèle de la Nina de "La Mouette" dont Marie Étienne imagine qu’elle le rédige, comme Bérénice répudiée ses lettres à Titus, « pour tenter de sortir de l’emprise de l’amour ». Mais « L’ombre portée » qui titre le livre est aussi celle que font sur lui les deux ouvrages qui le précèdent de peu : "En compagnie d’Antoine Vitez, 1977-1984" (2017) et "Antoine Vitez et la poésie, la part cachée" (2019). Car cette « sorte de journal », précise l’écrivaine au seuil du livre, « hanté[e] par Tchekhov, ses yeux clairs, son humour et sa mort annoncée », vit sa première version « rédigée l’année où Vitez mit en scène 'La Mouette' à Chaillot ». "L’Ombre portée" constitue par conséquent le troisième panneau d’un triptyque consacré à l’expérience théâtrale majeure vécue aux côtés d’Antoine Vitez : au Théâtre des Quartiers d’Ivry puis au Palais de Chaillot, dont Marie Étienne fut la secrétaire générale et l’organisatrice de ses célèbres lectures de poésie, en étroite complicité avec le metteur en scène, de 1981 à 1988. Or cette manière de trilogie, qui participe de ce que l’écrivaine nomme ses « chroniques de la scène », narre aussi, à sa façon délicate mais ferme, le « pas gagné » de la poésie : celle qui habita l’homme de théâtre tout autant que la femme qui lui rend hommage, celle qui sauve de toutes les emprises et qui, après le témoignage ("En compagnie d’Antoine Vitez") et l’essai ("Antoine Vitez et la poésie"), finit par triompher avec "L’Ombre portée" – livre de poésie qui s’inscrit indubitablement, par-delà les deux tomes consacrés à Vitez, dans le droit fil des grands livres de poèmes qui font de Marie Étienne l’une des voix majeures de la poésie française contemporaine.

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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-03689002 , version 1 (06-02-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03689002 , version 1

Citer

Marie Joqueviel-Bourjea. "M(o)uettes", préface au livre de poésie de Marie Étienne, "L'Ombre portée" (Apic éditions, 2022). Marie Étienne, L'Ombre portée, Apic éditions, préface p.11-19, 2022, 978-9931-468-98-1. ⟨hal-03689002⟩
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