“Female Human Animal”. Prémices d'une autre humanité chez l'artiste surréaliste Leonora Carrington - Université Paul Valéry Montpellier 3 Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2021

“Female Human Animal”. Prémices d'une autre humanité chez l'artiste surréaliste Leonora Carrington

Résumé

Les poursuites littéraires et plastiques de l’artiste surréaliste mexicaine Leonora Carrington (1917-2011) se caractérisent par une perméabilité fondamentale des principaux règnes qui composent notre univers. De l’humain vers l’animal, du céleste vers le terrestre ou du visible vers l’invisible : tout y est interconnecté et s’intègre dans un réseau complexe de transformations symboliques à l’origine d’un bouleversement total des échelles de valeurs. Depuis ses premiers contes publiés à la fin des années 1930 jusqu’à ses oeuvres tardives réalisées dans les années 1990, ce que l’on pourrait nommer le « système carringtonnien » ne cesse de décentrer l’humain afin de le replacer dans une communauté élargie, interrogeant de la sorte la notion même d’humanité. Le caractère essentiel de ce décentrement, en dehors de toute exceptionnalité, place l’artiste dans une réflexion proleptique de la pensée post-humaniste et invite à en interroger les enjeux. On retrouve ainsi dans ses premiers contes, écrits entre 1937 et 1940 tels que « La débutante » ou « Quand ils passaient », une absolue dissolution des hiérarchies entre les différentes formes de vies, manifeste tant dans une narration crue et elliptique visant à interroger le lecteur sur sa propre définition de la normalité, que dans une esthétique de la cruauté dans laquelle l’acte de dévoration invite à se demander : Qui mange qui ? Qui domine qui ? L’artiste poursuit également ces réflexions dans ses oeuvres peintes et abolit par là même les frontières entre les genres artistiques. Car au-delà des frontières, c’est une nouvelle forme de vie qu’envisage Leonora Carrington, un post-humanisme caractérisé par une interconnection entre les êtres, mais également entre la vie et la mort dans un flux vital ininterrompu. À l’image du roman Le cornet acoustique, écrit dans les années 1950, qui décrit la quête apocalyptique d’un étrange cortège constitué d’abeilles, de loups, de six vieilles femmes, et d’une femme-garou, chargés de repeupler la planète à la suite d’un renversement soudain des pôles et d’un effondrement de la civilisation moderne. Cette conception vitaliste du devenir évoque les réflexions de Rosi Braidotti au sujet d’une « transversal entity, fully immersed in and immanent to a network of non-human (animal, vegetable, viral) relations ». Dans un article de 1970, Leonora Carrington va jusqu’à se présenter comme « female human animal ». Contre l’idée d’une identité fixe et immuable, l’artiste trace les contours d’une nouvelle ontologie inclusive au-delà des catégories humanistes d’espèce ou de genre et en appelle à une action directe, plus particulièrement des femmes qui ont rôle clef à jouer dans l’évolution de notre écosystème. Agissant comme un manifeste, cet article offre les principales pistes d’interprétation d’une pensée résolument moderne qui, plutôt que d’illustrer la pensée post-humaniste, rend possible l’émergence de cette même pensée. L’objectif de cette communication est ainsi d’offrir une relecture critique de l’oeuvre de Leonora Carrington à l’aune de ces théories.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03986000 , version 1 (13-02-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03986000 , version 1

Citer

Célia Stara. “Female Human Animal”. Prémices d'une autre humanité chez l'artiste surréaliste Leonora Carrington. Antihumanisme(s). Formes, réflexions et représentations (littérature et cinéma), Université de Paris, Nov 2021, Paris, France. ⟨hal-03986000⟩

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