Parole traversière : résistance et résilience des langues minoritaires dans les ateliers d’écriture multilingues (Amériques et Europe) - Université Paul Valéry Montpellier 3 Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2020

Parole traversière : résistance et résilience des langues minoritaires dans les ateliers d’écriture multilingues (Amériques et Europe)

Résumé

Cette contribution se veut un hommage rendu à l’esprit d’ouverture et de pluralisme de Jean-Marie Prieur, à travers la description du praxis à laquelle il sera sensible : celle des ateliers thématiques en langues autochtones en contexte mexicain. Les ateliers d’écriture en milieu autochtone réalisés depuis 1999 au Mexique, au Guatemala et en Colombie, ainsi qu’en milieu dialectophone en Europe (Italie, Estonie) réfutent l’idée que la création de matériaux pédagogiques en langues minoritaires serait trop onéreuse, ou nécessiterait en amont une codification et une standardisation des langues. À travers des écrits à la fois cadrés et stimulant l’imaginaire (notamment les « Communautés invisibles »), les locuteurs participant à ces événements agissent en protagonistes et en démiurges de normes en résistance et en résilience. La technique des ateliers thématiques réalisés au Guatemala et au Mexique, comme autant d’« utopies réalisables », selon le terme de Yona Friedman, a été décrite en détail ailleurs : elle consiste à donner durant plusieurs jours la parole et le pouvoir, dans leurs langues respectives, tout en utilisant la lingua franca nationale, à des communautés de pratique. Cette notion est devenue centrale en sociolinguistique interactionniste, où l’on considère que, au-delà des « communautés linguistiques » des structuralistes, le champ social est occupé par des communautés ou agrégats plus labiles et moins essentialistes, regroupés autour de pratiques civiques, ludiques, sociales, professionnelles ou culturelles, faisant émerger des habitus et des normes contrastées. Des instituteurs bilingues réunis en ateliers d’écriture pédagogique ou de didactique de leurs langues maternelles forment ainsi une communauté de pratique, avec ses normes émergentes, notamment écrites, graphémiques autochtones des secteurs éducatifs et des ONG, et à travers toute la gamme des niveaux d’élaboration et de praxis éducative (de l’école primaire à l’université, en passant par les lycées et les collèges), en incluant également les populations scolaires et les étudiants. Dans ces stages gratuits, organisés par des linguistes, sociolinguistes et anthropologues, de multiples activités de réflexion et d’écriture sont développées de manière interactive entre groupes de participants : élaboration de matériaux pédagogiques en langues autochtones (au Guatemala, langues mayas et garifuna ; au Mexique, mazatec, zapotec, chinantec, totonac, tepehua, mixe, zoque, etc.), formation en grammaire et en linguistique appliquée au domaine de chaque groupe de participants, diagnostics de crise agraire et environnementale, création littéraire, analyse de la littérature orale et des mythologies, théories pédagogiques, etc.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04045936 , version 1 (25-03-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04045936 , version 1

Citer

Jean Léo Léonard. Parole traversière : résistance et résilience des langues minoritaires dans les ateliers d’écriture multilingues (Amériques et Europe). Ksenija Djordjevic Léonard; Rose-Marie Volle. Appropriation des langues et subjectivité : Mélanges offerts à Jean-Marie Prieur par ses collègues et amis, Connaissances et savoirs, 2020, 9782753906617. ⟨hal-04045936⟩
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